L’objet de cette monographie est donc, à l’aune du recul historique et du succès considérable de l’œuvre depuis quelques années, d’examiner ses données esthétiques essentielles et d’aider à dissiper quelques malentendus qui ont entouré sa réception. Il s’agit aussi, à partir de son passage à l’abstraction dès 1955, de prendre la mesure de sa contribution au renouveau de la peinture à l’ère de la color-field abstraction – ce depuis Paris et surtout une fois passée la vogue de l’abstraction expressionniste (New York), informelle ou lyrique (Paris), auxquelles il fut longtemps assimilé. 

Sa peinture résulte avant tout de la confrontation sensuelle, non préméditée, à la surface de la toile. Cette action fait naître des nébuleuses et autres maelströms dont la polychromie complexe est modelée par de puissants effets de clair-obscur, ceci quasiment sans recours au relief ou à l’empâtement et à l’exclusion systématique de la géométrie. L’espace, hors-échelle et obstinément non-figuratif, est une matrice fluide au sein de laquelle notre vision se projette et s’abîme, nous faisant perdre tout repère, tant spatial que sémantique. 

Pour mieux comprendre l’œuvre, il faut aussi préciser les sources d’un artiste amoureux de la peinture (classique et moderne, chinoise et occidentale) et sa capacité à traduire la sensation mnésique de la nature et du paysage, l’essence dynamique du geste et le surgissement de la lumière. Enfin, la mise en perspective, au gré de parallèles et analogies avec d’autres pratiques, permet de cerner la singularité, l’intensité et la constance, sur près de six décennies, d’un régime abstrait sous-tendu par la logique organique du vivant et du paysage, par le mouvement des phénomènes naturels, entre éruptions, éclairs, tempêtes, courants aquatiques et autres révolutions cosmogoniques. 

Hors Série Connaissance – Gallimard

NOUVEAUTÉ

Genre : Monographie

Format : 195×250

Pages (provisoire) : 240

Prix (provisoire) : 30,00 €

Parution : avril 2024