Baitu Zhen, province du Jiangsu (aujourd'hui Anhui)
1920
Naissance le 24 octobre 1920
CHU Teh-Chun naît à Baitu Zhen, district de Xiao, dans la province du Jiangsu (aujourd’hui Anhui) en Chine, durant la période troublée des Seigneurs de la guerre. Son père et son grand-père, médecins traditionnels, collectionnent les peintures chinoises. CHU est le benjamin d’une fratrie de 3 garçons, à qui un précepteur va enseigner très tôt la calligraphie et la poésie classique chinoise. En 1930, CHU entre à l’école de son district, puis, au collège (de Xuzhou puis Haizhou) : il se passionne alors pour la peinture chinoise mais aussi pour le basketball. Doué dans les deux domaines, il est encouragé par son père vers la peinture.
1935
Académie de Hangzhou
À 15 ans, CHU est reçu à l’Académie des Beaux-Arts de Hangzhou, dont le directeur est le peintre Lin Fengmian. Nombre de professeurs, comme Lin Fengmian ou Wu Dayu, ont étudié aux Beaux-Arts de Paris et de Dijon. Il s’agit d’une école avant-gardiste, où Chu va découvrir la peinture occidentale moderne et en apprendre les techniques. En 1ère année, on lui enseigne le dessin classique, la peinture traditionnelle chinoise sous la direction de Pan Tianshou, tandis qu’il pratique avec passion la peinture chinoise en dehors des cours.
Fang Ganmin, Lin Fengmian, Wu Dayu
L'académie de Hangzhou
1937-1940
Exode durant la guerre et découverte de la chine du sud-ouest
En juillet débute la guerre sino-japonaise. Les japonais progressent vers le Sud et en novembre l’Académie des Beaux-Arts doit quitter Hangzhou pour un long périple vers l’Ouest, jusqu’à Chongqing où le gouvernement nationaliste de Tchang Kaï-Chek s’est replié. L’école voyage par étapes à travers les provinces du Zhejiang, Jiangxi, Hunan, Yunnan et Sichuan. Le périple dure trois ans : les conditions sont rudes mais l’aventure reste mémorable pour CHU. Il fait des croquis des minorités du sud-ouest de la Chine croisées sur le chemin.
1941
Fraîchement diplômé il devient professeur et participe à ses premières expositions collectives
Désormais à Chongqing, devenue capitale provisoire durant la guerre et lieu de convergence de tous les intellectuels et des universités, CHU obtient son diplôme de fin d’études. Il devient professeur assistant de l’Académie Nationale des Beaux-Arts qui réunit à cette époque les Académies de Pékin et Hangzhou. CHU ne peint plus que des huiles influencé par Cézanne, Derain ou Matisse. Il devient proche du sculpteur Liu Kaiqu et du peintre Li Keran, ses aînés.
Départ pour taiwan où il enseigne la peinture occidentale à l’Université Normale Nationale de Taiwan
Le 1er Octobre, la République Populaire de Chine est déclarée. CHU et Liu ont une fille Kate, et en décembre quittent Nankin et la Chine pour Taipei (Taiwan), où le frère de Liu est déjà installé.
1954
Première exposition personnelle
Le Hall Sun Yatsen de Taipei organise la 1èreexposition personnelle de CHU. Elle est constituée d’huiles figuratives représentant des paysages montagneux de Taiwan, des nus ou des natures mortes. Toutes les toiles sont vendues, ce qui lui permet de financer son voyage pour la France et ses premières années à Paris.
Kate, sa fille, devant sa première exposition
CHU sur le bateau l'amenant en France
1955
Départ pour paris
Le 29 mars, il quitte Taiwan pour la France et débarque le 5 mai à Marseille. Ce périple d’un mois en bateau lui donne l’occasion de visiter le musée du Caire où il découvre l’art égyptien et les pyramides. Sur le bateau, il rencontre son ancienne élève Ching-Chao (Thérèse) qui part en Espagne pour étudier les Beaux-Arts. A Paris, CHU s’installe dans une petite chambre d’hôtel rue Lhomond dans le quartier latin, suit des cours de français à l’Alliance Française et va dessiner des modèles nus à la Grande Chaumière. Il rencontre d’autres artistes chinois exilés comme Pan Yuliang, Sanyu et sculpteur Xiong Bingming et retrouve Zao Wou-Ki son camarade d’école. Plus tard, Ching-Chao rejoint CHU à Paris et ils ne se quitteront plus.
1956
Il se libère de l’expression figurative pour s’orienter vers l’abstraction
CHU part admirer les peintures de Goya à Madrid et du Greco à Tolède, puis il découvre l’œuvre de Nicolas de Staël lors de sa rétrospective au Musée d’Art Moderne à Paris. La liberté de cet art ouvre à CHU une voie de recherche vers l’abstraction.
CHU dans sa chambre d'hôtel rue Lhomond
CHU à la galerie Legendre
1958
Il signe un contrat avec la galerie Legendre et dispose ainsi de la liberté de se consacrer uniquement à son travail
Le directeur artistique de la galerie Legendre, Maurice Panier, à qui CHU s’est présenté, lui propose un contrat d’exclusivité de 6 ans. Ce contrat lui permet de poursuivre ses recherches et de se consacrer uniquement à son œuvre. La galerie Legendre organise de nombreuses expositions en France et à l’étranger, personnelles ou collectives, notamment au Carnegie Art Museum de Pittsburg, à Athènes et Jérusalem. C’est également l’occasion pour CHU de rencontrer d’autres artistes représentés par la Galerie ou appartenant à l’Ecole de Paris tels que : Paul Revel, Francis Bott, Albert Féraud, Dietrich-Mohr, Claude Viseux et les peintres Ladislav Kijno, Xavier Longobardi, Pierre Gastaud, James Pichette, etc.
1965-1978
chu maîtrise totalement son écriture artistique et enchaîne les expositions
Ne souhaitant plus être sous contrat, CHU expose dans de nombreuses galeries en France, Suisse, Espagne, Italie, Allemagne ou Luxembourg réalisant 24 expositions entre 1965 et 1978.
En 1969, il expose également à la 10ème Biennale de Sao Paulo au Brésil où un stand lui est consacré pour représenter la Chine.
Cette même année est également l’occasion pour CHU de découvrir l’œuvre de Rembrandt à l’occasion du tricentenaire organisé au Rijksmuseum à Amsterdam. Il ressent une profonde émotion à la vue de ses œuvres et considère Rembrandt comme le plus grand peintre de l’histoire.
En 1968, la famille s'agrandit d'un 2ème fils, Yvon.
En 1971, après un séjour à Thais, la famille s'installe à Bagnolet où CHU bénéficie d'un atelier au dernier étage avec une terrasse. C’est aussi l’occasion pour Chu de renouer avec la pratique de la calligraphie.
CHU dans son atelier de Bagnolet
CHU et son épouse avec Jacqueline et Hubert Juin
1978-1982
Premiers pas vers la reconnaissance
En 1978, la Maison de la Culture et des Loisirs de Saint-Etienne lui consacre une exposition rétrospective.
En 1979, Hubert Juin écrit une monographie sur CHU Teh-Chun aux éditions du musée de poche.
En 1981, CHU obtient la nationalité française.
En 1982, le Musée des Beaux-Arts du Havre réalise une exposition : Peintures et Dessins 1955-1982.
1979-1983
Les liens renoués avec la Chine
En 1979, le Musée Cernuschi organise une exposition de Lin Fengmian. Celui-ci vient à Paris accompagné de Liu Kaiqu et d’une délégation de sculpteurs chinois. C’est l’occasion pour CHU de revoir ses anciens professeurs et amis.
En 1981, c’est Wu Guanzhong qui vient à Paris et les deux amis se retrouvent enfin.
En 1983, CHU est invité par l’Université de Hong Kong à siéger en tant que juré, puis, par l’Association des Artistes de Chine. C’est la première fois depuis 35 ans qu’il retourne en Chine. Il retrouve avec émotion son frère et de nombreux anciens camarades dont son ami le peintre Li Keran. Après ce séjour à Pékin, il voyage avec ses amis « les Kijno » et visite les tombes impériales près de Xi’an, les grottes bouddhiques de Yungang et les Montagnes Jaunes, sujet millénaire de la peinture chinoise. Ce voyage lui permet de se confronter aux paysages chinois qui habitent son imaginaire depuis son départ en 1949 et lui offre de nouvelles sources d’inspiration.
Pouvant à nouveau s’approvisionner en papier chinois, CHU réalise des lavis à l’encre.
CHU retourne dans les montagnes jaunes
CHU et Lin Fengmian
1984-1989
Chu s’exprime en grand et taiwan salue son œuvre
Cette époque marque le début d’une série de très grands formats qui seront notamment exposés en 1984 au théâtre d’Esch-sur-Alzette, au Luxembourg, en 1985 à la Maison de la Culture et des Loisirs de Sochaux et en 1988 au Musée d’Art Moderne de Liège qui lui consacre une exposition.
En 1985, alors qu’il expose en Suisse à Genève il assiste à une tempête de neige. Ce phénomène l’inspire et il réalise sa fameuse «série des neiges».
Cette période marque également le début de sa reconnaissance à Taiwan. En 1986, il est de nouveau invité à l’Université de Hong Kong et à Taiwan pour assister à une conférence. C’est son premier retour sur cette île qu’il avait quittée en 1955.
En octobre 1987, le Musée National d’Histoire (Lishi bowuguan) de Taipei lui consacre la première exposition rétrospective à Taiwan et plusieurs galeries exposent simultanément son travail. En 1988 et 1989 une exposition itinérante passe par quinze centres culturels municipaux et départementaux à Taiwan.
En 6 ans, il réalise 24 expositions personnelles dont 5 à Taiwan.
Michael Sullivan, l’un des plus grands critiques et historiens de l’Art Moderne Chinois écrit sur son travail et CHU va le rencontrer à Oxford.
1990-1993
Un nouvel atelier à Vitry pour concrétiser ses nouveaux projets
La famille déménage dans une maison à Vitry-sur-Seine où CHU dispose d’un grand atelier dans lequel il peut réaliser de très grands formats, travailler sereinement au son de la musique classique et disposer d’un grand bureau où il peut réaliser calligraphies et lavis. Il apprécie le jardin qui lui permet ce rapport, si important à ses yeux, avec la nature.
Les expositions se succèdent en France, en Europe et à Taiwan.
Il voyage et visite notamment les grands musées de la Côte Est américaine.
Son ami Wu Ghanzhong expose au Musée Cernuschi à Paris et en profite pour lui rendre visite.
En 1993, une monographie rédigée par Pierre Cabane paraît aux éditions Cercle d’art.
CHU dans son atelier de Vitry
CHU devant une de ses calligraphies
1994-1998
Voyage en Chine et première exposition personnelle dans son pays natal
En 1994, CHU part en famille en Chine accompagné de ses amis «les Féraud». Après s’être recueilli sur la tombe de ses parents, il est reçu à Pékin par l’Association des Artistes. Il poursuit son voyage pour découvrir de nouveaux paysages, notamment Dunhuang où CHU est très impressionné par les grottes de Mogao et la rivière Li offrant un panorama magnifique.
En 1997, l’Association Française d’Action Artistique (AFAA) organise une exposition itinérante de ses œuvres. Elle passe par Pékin, Hong Kong, Kaohsiung (Taiwan) et enfin Taipei en 1998. L’exposition de Pékin est la première en République Populaire de Chine depuis plus de 50 ans.
Parallèlement, des galeries lui consacre des expositions. Il participe en 1997 à une exposition itinérante au Québec avec Kijno et Riopelle. Il fait le déplacement au Quebec et découvre de nouveaux paysages.
Raoul-Jean Moulin, critique et directeur du FDAC de Val-de-Marne organise une exposition à la Galerie municipale de Vitry-sur-Seine.
1997-2001
La reconnaissance, L’Académie des Beaux-Arts
Le 17 décembre 1997, CHU Teh-Chun est élu à l’Académie des Beaux-Arts. La cérémonie de réception a lieu le 3 février 1999. Il est le premier membre d’origine chinoise à y entrer.
En 2000, une nouvelle monographie de Pierre Cabanne paraît chez Flammarion, dans une version bilingue français/anglais ainsi qu’une version en chinois.
L’AFAA organise une seconde exposition itinérante qui passe par Shanghai, Canton et Pusan en Corée.
En 2001, CHU est élevé au grade de Chevalier de la Légion d’honneur.
CHU et son épouse à l'Académie des Beaux-Arts
CHU travaillant sur son œuvre de 4m sur 7m de long
2002-2003
Chu réalise une toile monumentale pour l’opéra de shanghai
En 2002, l’Opéra de Shanghai lui commande une toile monumentale. CHU Teh-Chun va y travailler pendant presque deux ans. Cette toile intitulée "Symphonie Festive", mesure 4m de haut et 7m de long.
Elle est exposée à l’Opéra Garnier à Paris avant de partir pour la Chine où elle est inaugurée le 27 août 2003.
2004-2010
Chu continue son ascension
En 2004, à l’occasion de l’année de la Chine en France, la ville de Cannes rend hommage à CHU Teh-Chun avec trois expositions simultanées.
En 2005, l’Arsenal de Metz et le Musée des Beaux-Arts de Shanghai lui consacrent des expositions.
En 2007, une exposition lui est consacrée au Musée Royal d’Ueno à Tokyo, puis en 2008 le Musée National d’Histoire à Taipei organise une exposition rétrospective à l’occasion de ses 88 ans.
En 2010, pour les 90 ans de CHU Teh-Chun, le "grand" National Museum of China (NAMOC) à Pékin accueille une grande rétrospective de son œuvre.
En 2013, exposition rétrospective à la Pinacothèque de Paris.
CHU dans son atelier de Vitry
Portrait de CHU par Jeff Hargrove
2006
Première exposition aux Etats-unis
CHU est élevé au grade d'officier de l’Ordre National du Mérite.
Il expose à la Marlborough Gallery à New-York, c’est la première fois qu’il est représenté par une galerie américaine. Une importante monographie paraît (La Différence) avec, à la demande de CHU, un texte de Pierre-Jean Remy, lui aussi Académicien.
2007-2009
Chu continue Son dernier grand projet : les vases de sèvres ascension
Invité par la Manufacture de Sèvres, CHU commence son travail en hiver 2007.
En 2009, il achève le dernier des 58 vases du projet mené en collaboration depuis 2 ans avec la manufacture.
Toute l'œuvre céramique est exposée au Musée Guimet à Paris durant l'été.
CHU à la manufacture de Sèvres
2014
Décès du peintre
Chu Teh-Chun s'éteint le 26 mars, à l'âge de 93 ans.