Le père et le grand-père de CHU Teh-Chun étaient tous deux médecins, pratiquant la médecine traditionnelle chinoise et, en amateurs, la peinture et la calligraphie.
L’aisance financière conférée par leur métier leur avait permis, au fil du temps, d’acquérir ce que Teh-Chun appelait affectueusement « La collection de la famille CHU », des rouleaux de peintures chinoises, conservées précieusement et délicatement sorties à l’occasion pour être montrées.
CHU Teh-Chun disait : « mes plus beaux souvenirs d’enfance sont peut-être les expositions de la collection de la famille CHU, en été, tous les ans. Mon père choisissait une belle journée, faisait placer quelques grands coffres en bois dans un endroit ensoleillé, en sortait, avec beaucoup de précaution, l’héritage familial, puis déroulait au sol les peintures afin de faire disparaître l’odeur d’humidité. Ce qu’on appelait l’héritage familial, c’étaient ces peintures anciennes pour lesquelles mon père avait dépensé beaucoup d’argent. Il y en avait sur papier, d’autres sur soie, mon père les scrutait, les admirait encore et encore, restant longtemps debout à côté d’elles, captivé. Puis, ravi, il m’appelait à le rejoindre et, me désignant une peinture, commençait à m’en parler : celle-ci est de Qiu Ying, celle-là de Chen Hongshou, Dong Qichang, Zha Shibiao, ou Tang Yin…voilà pourquoi elle est admirable, à tel endroit en particulier. Mon père plantait ainsi les graines de ma passion pour la peinture, c’est pourquoi, chaque année, j’attendais avec impatience le jour ensoleillé de l’inauguration de « l’exposition de la collection de la famille CHU ».