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« De Neige, d’or et d’azur » – Le dernier grand projet de CHU Teh-Chun

janvier 2023

« De Neige, d’or et d’azur »- Le dernier grand projet de CHU Teh-Chun

Invité par la Manufacture de Sèvres, CHU Teh-Chun commence son travail en hiver 2007, il achève le dernier des 58 vases deux ans plus tard en janvier 2009. Peu de temps après ce projet, victime d’un AVC il cesse définitivement de peindre. 

« En célébrant les noces des arts du pinceau et du feu, Chu Teh-Chun a refait le voyage intérieur qui l’a mené à sa Chine natale. De son trait nerveux et sismique, il a aboli les frontières entre peinture, céramique et calligraphie.

Fille de la terre et du feu, la céramique a atteint en Chine le rang de discipline artistique à part entière, notamment grâce à la porcelaine dont le perfectionnement, sous les Song du Sud (1127-1279), allait vite susciter les convoitises et cristalliser tous les fantasmes… C’est précisément lors de son séjour à Taipei, au printemps 1998, que Chu Teh-Chun aborde cette pratique nouvelle, peignant une série de grands plats au cœur d’un atelier situé à Ying-Ge. 

Vingt années plus tard, grâce à sa collaboration étroite et passionnée avec la Manufacture nationale de Sèvres, l’artiste va atteindre des sommets de virtuosité et de raffinement. Loin d’être anecdotique, cette technique lui permet de renouveler son langage pictural, en lui offrant de transposer sur les parois convexes ou sphériques des plats ou des vases un répertoire abstrait et onirique de signes, balayages, zébrures ou taches. Imprégné de spiritualité taoïste, rompu aux dernières conquêtes de l’abstraction lyrique, l’artiste revisite alors les échanges tissés entre l’Empire du Milieu et l’Occident à travers trois variations chromatiques : le blanc immaculé du kaolin d’où naquirent les premières porcelaines, le « bleu céleste » emprunté par la Manufacture de Sèvres à la Chine, les ors mats et brillants des tables royales européennes. 

D’un pinceau maîtrisé et électrique tout à la fois, Chu Teh Chun réalisera en moins de deux années cinquante-huit « vases-sculptures » d’une rare poésie. Microcosmes offerts à la contemplation, quelques-unes de ses œuvres inspirées sont entrées en 2015 dans les collections du musée Guimet. Comme un magnifique retour aux sources pour cet artiste né à Baitou Zhen, « le village de la terre blanche » réputé pour ses porcelaines. »

Bérénice Geoffroy-Shneiter – Connaissance des Arts – Hors Séries – N°929

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