Une Oeuvre, une histoire
Les univers peints par Chu récusent en général toute figuration, tout objet identifiable qui viendraient figer la vision et le sens. La « neige » est ainsi un sujet statique, une couleur inerte dans certains tableaux de 1965, alors que l’artiste vient de passer en avion au-dessus du mont Blanc et du pic du Midi.
En janvier 1985, il assiste à une tempête de neige en Suisse, qui plonge dans le blizzard les montagnes alentour, déjà couvertes des blancs cristaux. En tant que précipitation atmosphérique, telle qu’elle a déclenché la série de ses tableaux de « Neiges », cette neige-ci est cette fois d’une nature aérienne, semi-solide et presque gazeuse. Elle joue le rôle de filtre optique et masque, par intermittence et de façon dynamique, l’arrière-plan aux formes plus denses. Elle offre ainsi à l’œil une multitude d’éléments identiques échappant à toute saisie visuelle, réveillant chez Chu le souvenir du principe optique des points de couleur juxtaposés et vibrants du néo-impressionnisme. Mais la différence est de taille avec Seurat ou Signac : les tableaux de Chu ont rarement vu leur palette à ce point restreinte à des valeurs ou des nuances de blanc et de gris. Le blizzard, malgré sa violence, a suscité chez l’artiste certains de ses tableaux les plus sereins.
Matthieu Poirier, monographie « Chu Teh-Chun – In Nébula » – Les éditions Gallimard, 2024
Image : Nature hivernale A – huile sur toile – 1985 © ADAGP Paris 2025 / Fondation CHU Teh-Chun
Vous souhaitez rester informé de nos différents événements ? Inscrivez-vous dès maintenant à notre newsletter.